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Côté Coeur & Côté Bohème
Côté Coeur & Côté Bohème
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7 janvier 2010

Premier né

Le 2 janvier 1997, je devenais maman pour la première fois.IMG_0001

Un petit garçon de 2960 gr pour 49 cm. Une naissance très rapide, violente, qui s'est soldée par une épisio carabinée, protocole de la pose des forceps de Tanier parce qu'il bradicardisait à 30 pulsations cardiaques minute.... Il a bu la tasse, a émis son méconium, a passé 2 heures en couveuse ... Il a aussi très vite trouvé le chemin de mon sein, le gauche. Chacun de mes enfants a pris le gauche en salle de naissance, le droit étant intétable ! Le gauche, celui du coeur ?? Cela me plaît de le penser ainsi.

Lorsqu'on me l'a ramené le lendemain matin, (il est né à 21 h 45), je me suis dit  "seigneur, quelle connerie j'ai fait là" ! La première réaction fut la panique ! J'étais mère mais je ne savais pas ce que cela voulait dire. Je pensais, comme toute jeune mère, que le fameux "instinct maternel" dont on nous bassine à longueur de discussions et de lectures, était livré en kit avec l'enfant. Mais non ! Loin s'en faut ! C'est faux et archi-faux !

On n'aime pas notre enfant comme ça, sous l'effet d'une baguette magique ! Non, d'abord c'est le choc ! On a accouché, on a le ventre vide, un enfant qu'on ne connaît pas à côté de soi. Notre périnée est en miette, notre moral en berne. On a envie de fuir. J'ai ressenti une panique intense. Cet enfant n'avait rien demandé, il était là par notre simple égoïsme ... En vérité, je pense profondément que les enfants viennent parce qu'ils choisissent de naître, qu'ils choisissent leur famille. Je le sais maintenant, je le crois profondément, au regard de ma propre histoire.

Mais en ce jour précis, la panique m'envahissait totalement. J'étais perdue, je n'avais personne à qui confier ma détresse. Ma mère traînant les pieds pour monter me voir, me balança un "tu m'as déçue, tu as eu une péridurale". Elle a pris mon bébé et se l'ai accaparé pendant un temps qui me parue infini ... elle le regardait sous toutes les coutures, cherchant ce qui pourrait clocher chez lui, lui trouva la tête bizarre et le pris en photo "au cas ou". Plus toxique que ma mère !! Je fus sauvée par la puéricultrice qui en entrant, d'un regard, compris la situation. Elle se dirigea vers ma mère, lui pris mon bébé des bras sans lui demander son accord, fermement mais sûrement, lui changea sa couche et me le remis directement dans mes bras : "bon maintenant, on va le rendre à sa maman, il est tout neuf, il va prendre froid". Je souris intérieurement et bénie cette femme, Françoise, à chaque fois que je pense à elle.

La panique qui m'avait envahie ne s'en alla pas aussi vite que je le pensais. Il faut du temps pour apprendre à être mère. Tout comme les pères, nous devons nous aussi adopter notre enfant ! Et ce n'est pas si simple ! On ne nous le dit pas.

Sous prétexte que nous l'avons porté, nous sommes censé tout savoir de lui, tout connaître. Or cet enfant, s'il est un savant mélange de nos corps, il est aussi totalement et parfaitement unique. Il a déjà son caractère, il ne ressemble pas à ce que nous imaginions. Nous aimons ses yeux mais pas ses oreilles, sa bouche mais pas son menton. Que sais-je encore ? Pouvons-nous l'exprimer ? A qui ?

Qui saura écouter ces remarques sans nous juger ? Qui pourra comprendre que ces mots (et maux ?), sont nécessaire à la construction d'une mère ? Qui autorise une femme à dire : "mon enfant n'est pas beau !", "je ne l'aime pas", "c'est horrible ce qu'il est moche" ? En vérité, personne de l'entourage proche. C'est tabou, interdit et impensable. Pourquoi pleurez-vous ? Alors que vous venez de mettre un enfant magnifique au monde ?

Peut-être parce qu'on ne nous laisse pas l'occasion d'exercer cette "violence" qui est nôtre quand on vient de donner la vie. Une étude forte intéressante explique que naturellement, la mamifère est hargneuse, agressive, prête à tout pour défendre son petit. Si on l'empêche d'exprimer cette agressivité naturelle, elle se renferme, refoule tout à l'intérieur. Alors, la dépression arrive, celle du fameux post-partum, normal et toléré quoi ! Que vous pleuriez est considéré comme normal, que vous ne vouliez pas qu'on approche et touche votre bébé est considéré comme pathologique. Cherchez l'erreur !

J'ai mis du temps à me connecter à mon enfant, 6 semaines exactement. J'ai écris un article il y a longtemps pour la revue ALLAITER AUJOURD'HUI, de la LLL, ou j'explique que pour moi, Pierre-Edouard a eu 2 naissances : le 2 janvier, jour de sa naissance officielle et le 11 février 2007, jour ou je me suis rendue à ma première réunion de ladite association, ou j'ai rencontré des mères allaitantes qui étaient passées par là, qui me comprenaient et surtout, racontaient, riaient, rassuraient les débutantes que nous étions. Mon fils, ce jour-là, a dormi dans mes bras tout le long de la rencontre, a fait son rôt en dormant, doucement, ce qui n'était jamais arrivé jusque-là, et surtout m'a fait son premier sourire ! Je suis rentrée chez nous, comme flottant sur un tapis volant, légère pour la première fois, souriante au point que mon tendre époux m'a fait la remarque, soulagé de me voir enfin sereine. Je dois beaucoup à ces mères, qui n'ont jamais su ce qu'elles avaient fait pour moi. A elles et à ma grand-mère, que j'appelais régulièrement et me rassurait par des mots simples et des anecdotes.

Mon bébé, mon premier-né m'a mise au monde, celui des mères. A jamais je lui en serai reconnaissante. Bien sûr, le chemin ne fut pas simple, j'ai appris avec lui, je suis aussi passée à côté de bien des choses. Un moment j'ai cru qu'il était un BABI, bébé aux besoins intenses. Je pense aujourd'hui qu'il n'en était rien. Il était un enfant avec des besoins normaux, qu'il savait parfaitement bien exprimé, mais moi, je n'étais pas formée pour les comprendre, et mon enfance avait besoin d'être nettoyée pour pouvoir l'entendre lui. Mon instinct a toujours été fort, et j'ai toujours su l'écouter, depuis toute petite. C'est sans doute ce qui m'a permis de me mettre à son niveau, de m'interroger et de comprendre pourquoi ses demandes provoquaient certaines réactions chez moi. Et j'ai aussi eu de la chance de rencontrer des femmes qui m'ont aidées, par leur soutien, leurs paroles, leur amitié tout simplement.

Avec mon caractère que certains jugent impossible, j'en ai fait qu'à ma tête, avec le soutien de son père. Je n'ai écouté personne, fermé la porte à ceux qui voulaient me dicter comme faire et y allaient de leurs commentaires agressifs, mesquins, méchants et blessants. Il a dormi avec nous, je l'ai allaité longtemps, porté, je ne l'ai pas mis à l'école tous les jours, je lui ai permis de faire des "poses-école" les jours ou il avait  besoin d'être avec moi, l'ai laissé longtemps sortir déguisé en pirate ou petit vampire, parce qu'il adorait ça, parce que ça faisait partie de son univers, pour se construire et moi, je me régalais à l'avance du regard surpris des gens que nous croisions. Et alors ? Ce n'était qu'un petit garçon de 3 ans, pas un ado de 15 ans ! Parfois, je me demande si ces gamins qui s'habillent de façon si voyante, n'ont pas simplement été empêché dans l'enfance d'assouvir leur fantasme de vampire, cow-boys et autres personnages.

Emma est venue renforcée encore mon besoin de comprendre et de nettoyer mon enfance. Ce fut encore difficile, compliqué. C'est une enfant lumineuse, qui a un caractère bien trempé, qui sait ce qu'elle veut et ce depuis la première minute de vie. Elle n'est pas venue prématurément au monde pour rien ! Je me souviens de ce que m'avait dit Dominique, lorsqu'elle est venue me voir à la maternité : "elle a une présence incroyable ta fille". Oui, je confirme. Cette enfant me force à devenir meilleure.

Aujourd'hui, la fratrie s'est agrandie de 2 autres enfants, Anaïs et Louis-Arthur.

Pierre-Edouard est un pré-adolescent magnifique. Calme, réfléchis, avec un humour qui déchire tout ! Il est incroyable avec les petits, instinctivement, il va vers eux, les aide, les porte ... Je vois déjà quel homme fantastique il sera. Je me dis que cette proximité intense fut constructive. Il a beaucoup été porté, allaité jusqu'à 2 ans et demi, cododoté jusqu'à pffffffffffff, je ne sais plus en fait ! Ce que je sais, c'est qu'une fois sa sécurité acquise, il n'en a plus eu besoin. pe

J'essaie de rendre ce qui m'a été donné par le biais de mon travail ...

Aujourd'hui, si j'écris cet article, c'est pour vous dire que vous avez le droit de ne pas entendre ce qu'on vous dit, de ne pas aimer ce qu'on vous rabâche. Vous avez le droit de ne pas aimer cet enfant du premier coup d'oeil, vous avez le droit d'être déçue. Etre mère n'est pas innée ! Cela s'apprend avec le temps. Prenez le temps de vous adopter mutuellement, de vous apprivoiser.

En exprimant vos sentiments, vous leur permettez d'exister et par là même, vous existez aussi aux yeux de ceux qui vous entourent. En faisant cela, vous vous réappropriez votre enfant, votre maternage. Vous devenez actrice de votre vie de mère, vous en acceptez les méandres, vous devenez meilleure pour vous et votre bébé.

"Apprivoise moi, dit le Renard au Petit Prince"

Qu'est-ce que signifie "apprivoiser"?
C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ca signifie créer des liens..."

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Commentaires
C
Encore merci, Karine, pour ce beau témoignage.
E
bel ado... Là aussi ,période parfois déroutante , là encore pas de service-après -vente ou de mode d'emploi.Simplement la rencontre entre une maman et la naissance d'un adulte.Etre parent : c'est une grande aventure , très enrichissante,on a tout en soi , mais qui ne demande qu'à naître ...Naître et naître encor...<br /> BON WE :=)))
P
Bonjour Karine. Merci à toi de nous faire partager ces moments intimes de ta vie. Merci car je me retrouve dans tes mots et tes émotions. Ces gens qui veulent nous donner des "conseils" sans qu'on leur demande, je les ai envoyé bouler. Je ne m'en serai jamais crue capable. quand j'ai vu tes filles à la balade des bébés portés je me dis que tu as bien réussi (en t'écouatnt) et ça m'encourage à poursuivre, de m'couter encore et encore; Toujours plus. merci pour ces belles rencontres.
C
encore un récit très émouvant... et libérateur ! il est clair que l'instinct maternel n'existe pas... tu as rencontré de Mamans qui t'ont aidée, et aujourd'hui tu aides d'autres Mamans ;-)<br /> Merci... :-)
C
Bonjour Karine !<br /> <br /> je découvre ton blog, tes mots depuis quelques minutes, je t'ai lue d'un bout à l'autre... Je ressens si fortement tes mots, que d'abord je ne peux rien dire que "..."... puis "wahouuuu" pour arriver à mettre en mots ces ressentis de maman et de femme... <br /> <br /> je suis devenue maman il y a peu (avril 09)... quel séisme ! quel bouleversement ! grâce à ma fille, nous nous découvrons mutuellementchaque jour un peu plus: le 19 avril 2009 est véritablement sa naissance pour elle et ma re-naissance! <br /> Et bravo pour ton parcours guidé toujours par tes sentiments ! <br /> En cette nouvelle année je ne peux que te souhaiter une très belle année 2010 toute en harmonie pour toi, les tiens et tous ceux que tu aimes !<br /> A bientôt j'espère !
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