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Côté Coeur & Côté Bohème
Côté Coeur & Côté Bohème
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14 avril 2010

E.B.

Maman Travaille, c'est le blog de Marlène Schiarpa, journaliste de talent et mère accessoirement d'une poucinette. J'aime beaucoup sa plume, je suis régulièrement ses billets. Justement, pour rebondir sur le commentaire de Phiphine, en rapport avec ma petite allusion (non dénuée de provocation) à Mme Badinter, je voulais vous parler de l’article de Marlène à  à propos du dernier livre d'Elisabeth Badinter, parce qu'elle l'a lu ce livre elle ! ... (ainsi que Ségolène, sur le blog de MamaNana) mais je ne le retrouve pas... Vous n'êtes pas sans ignorer la polémique que soulève cet ouvrage, qui se veut analytique de la situation que vivent actuellement les femmes, en France, aujourd'hui. Elle les met en garde : rester au foyer pour éduquer leurs enfants, les fragilisent et les situent en marge de la société.

Je n'ai pas lu le livre d'Elisabeth Badinter, (je compte remédier à cet impers rapidement) mais les quelques billets et résumés que je lis sont tous unanimes : Elisabeth Badinter ne propose aucune solution ! Or moi, je veux bien qu'on fasse un constat sociétal de la place des femmes en les culpabilisant sur les choix (ou non choix) qu'elles optent, mais en ne proposant aucune alternative, cela revient à faire ce que les mâles patriarches font depuis toujours, en tout cas, depuis l'arrivée de l'industrie à grande échelle, à la fin de 19 ème siècle : humilier, rabaisser les femmes, les infantiliser.

Les campagnes se sont vidées par la magie de la modernisation, qui promettait un salaire descend et une vie rêvée aux laborieux travailleurs qui oeuvraient pour la gloire de l'industrie. Les femmes ont suivis leur mari, sont entrées à leur tour dans les usines, travaillant 18 heures par jour. Leurs enfants furent confiés à des « nourrices » qui n’avaient de vocation que leur nom ( la Bourgogne détient le recors de France pour le placement de ces filles, particulièrement les nivernaises, comme nourrices dans les familles de la bourgeoisie parisienne) Les mères ne furent donc plus en lien avec leur enfant, elles devaient sevrer rapidement leur bébé pour aller très vite travailler à l’usine. C’est à ce moment qu’explosent les décès chez les enfants de moins de un an. Le fait de sevrer leur enfant confrontait les femmes au problème de la fécondité précoce. On le sait, lorsque l’enfant ne tête plus la nuit et reçoit moins de 8 tétées par jour, la mère redevient féconde et une grossesse survient alors quelques semaines seulement après la naissance de l’enfant. La mère cumule les grossesses, et les deuils de ses petits.

Alors, le travail a-t-il vraiment été une source de libération pour les femmes ? Pour une certaine tranche sans doute, celle qui issue de milieux favorisés, avait accès aux grandes écoles et aux facs à l’instar de Simone de Beauvoir, mais les autres ? Les madames tout-le-monde ? Pas avant 1968, pas avant la loi Newirth et ensuite la loi Weil. Si je vous dis 1972, vous me répondez ?? Si je vous parle de cette date, c’est parce que pour la première fois, une femme entre à l’école Polytechnique, elle s’appelle Anne Chopinet. Elle en sortira major de promotion.

Cette chose incroyable le fut sans doute grâce au mouvement féministe, à ces femmes qui se battirent réellement pour leur cause, aux noms de toutes les femmes. Rappelez-vous « le manifeste des "343 salopes ", pour celles qui ignorent de quoi je parle, il s’agit d’un document signé par 343 femmes célèbres (actrices, avocates etc) qui déclaraient toutes avoir eu recours à l’avortement et risquaient pour cela la prison. Ce manifeste a pesé lourdement dans la balance lors du vote de la loi Weil.

Aujourd’hui, aucune des mères pratiquant un maternage conscient, (plutôt que proximal, tout à coup galvaudé) ne voudrait revenir en arrière. C’est une grave erreur que de le penser. Toutes ou presque, reconnaissent et se revendiquent de ces combats féministes. Mais féministes ne peut pas toujours être opposé à femmes au foyer ! Ce raccourci est trop simple et certainement pas juste. On peut faire le choix de rester au foyer et être totalement féministe ! Refuser d’être considérée comme la « bobonne de service », refuser le regard méprisant des autres et le revendiquer haut et fort.

Pour avoir passé 8 ans au foyer, (aujourd'hui, je suis au foyer à demi, puisque je travaille chez moi !!...) je ne me suis jamais pensée comme étant en dehors de la société. Celle-ci a bien essayé (la case mère au foyer n’existe dans aucun formulaire d’aide à la création d’entreprise, la demandeuse d’emploi si !) mais je ne me suis jamais laissé apposé ce sceau. Nous ne sommes pas des sous-femmes, nous ne sommes pas marqué par le sceau de l’infamie, comme l’étaient les prostitués sous la royauté. Nous avons fait le choix éclairé de rester au foyer pour nous occuper de nos petits. C’est un acte de courage et de résistance dans la société d’aujourd’hui où le paraître prévaut sur l’être. Peut-être que le secret réside dans cette attitude ? Etre femme, féminine, féministe et au foyer ne sont pas anti-nomiques, loin de là. Bien au contraire, le féminisme est né dans les foyers des braves ménagères ... et les intellectuelles les ont relayées ....

Bien sûr, toutes les femmes ne font pas un vrai choix mais le subissent parce qu’il faut bien avoir conscience que lorsqu’on vit dans un certain milieu très aisé de la bourgeoisie parisienne, on peine quand même à imaginer le quotidien d’une mère qui doit laisser son tout petit de 10 semaines à une parfaite étrangère pour aller gagner de quoi remplir le frigo, payer les factures, qui s’amoncèlent jour après jour de plus en plus tandis que le compte en banque se réduit comme peau de chagrin. Lorsque l’enfant n°2 parait, ces mères prennent un congés parental, pour profiter de ce qui leur a été « volé » de l’enfance du premier né.

Le calcul est vite fait : payer 1 nourrice pour 2 enfants ou la crèche grève profondément le budget de la famille. Tout le monde ne peut pas se payer une nourrice à domicile, le constat social est aussi à faire, il me semble, de ce côté-là.

Elles (ces mères chimpanzés dont je suis) ont envie d’autres choses pour leur enfant, ou plus exactement, elles ont envie de vivre la maternité autrement qu’en singeant celle de leur mère. Parce qu’au plus profond d’elles-mêmes, elles ont conscience d’un manque, d’une absence (il conviendra à chacune de nommer personnellement cette absence, ce manque) et souhaitent tout simplement vivre leur maternité en conscience, ce que leurs mères, nos mères, n’ont pas vécues, sans doute victimes de la » mode » et des conseils « avisés » des médecins tout puissant de leur époque (lesquels d’ailleurs ont fait des émules exerçant encore et toujours à notre époque !...)

Face à cette société de plus en plus violente vis-à-vis des Hommes, elles ont envie de vivre pleinement l’accueil de leur enfant. Ayant accès à beaucoup plus d’informations, elles s’interrogent sur la grossesse, sur l’accouchement, l’allaitement, le portage, le développement de l’enfant, la psychologie etc.

Nourrir son enfant fait partie intégrante du cycle de la vie. Les études portant sur les bienfaits du lait maternel sont connues, ainsi que celles sur le portage, ou le massage des tous petits. On s’émerveille de voir les femmes africaines prodigant des soins à leur bébé mais on s’inquiète de cette tendance chez les occidentales. On intellectualise ce qui est du domaine de l’instinct (aïe le vilain mot que voilà), du cerveau primaire reptilien, notre crocodile, comme dirait Nicole (petit clin d’œil personnel) Je me demande parfois s’il n’existe pas un reste de colonialisme derrière ces attitudes et réactions.

Alors je dis STOP ! Arrêtez de tirer à boulets rouges sur les femmes. Au lieu de les mettre en garde contre ce qu’elles se réservent si elles s’obstinent à rester à la maison, de supposer qu’elles n’ont rien compris du combat pour la liberté d’Etre, Madame, protégez-les, encouragez-les à être douces, à l’écoute de leur corps, de leur cœur et leur bébé. Aménagez des espaces pour qu’elles puissent se rencontrer et partager plutôt que de les enfermer chez elles, à peine sortie de la maternité. Aménagez-leur du temps pour elles, pour se reconnecter à leur corps et leur esprit. Dites-leur qu’elles sont belles et bonnes. Que quelque soit le choix qu’elles font, elles ont raison. Permettez-leur de revenir au travail si elles le souhaitent, facilitez-leur la garde de leur enfant. Parce que le temps de la maternité est précieux et compté dans la vie d’une femme. Lorsque vous croisez une future mère, souvenez-vous qu’elle porte l’avenir, être prévenant envers elle, c’est l’être envers le petit qu’elle porte. Accordez leur du temps et de l’écoute, c’est un cadeau que vous vous ferez en retour.

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Commentaires
C
je me suis arrêtée de bosser pour ma Puce, etnon seulement en effet les regards ne sont pas forcément bienveillants, mais encore plus pour le 1er enfant car on ne voit pas trop pourquoi je ne travaille pas...<br /> j'ai des remarques du genre, "ah oui ben les lavables c'est bien quand on travaille pas"... des remarques toujours un brin dévalorisantes genre toi tu fais rien, moi je travaille et en plus je fais comme toi avec mes enfants... et bien moi je ne crois pas et maintenant les remarques glissent... car les instants précieux de complicité que je vis avec ma fille, ça n'a pas de prix... merci pour ce beau billet en tous cas...
C
Merci! j'en ai les larmes aux yeux. Parce que je suis mère au foyer, et que ce sont surtout les autres femmes qui me "stigmatisent". On se voit bientôt pour reparler de tout cela. Et si on le publiait ton billet?
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