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Côté Coeur & Côté Bohème
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2 août 2010

Comment faire quand on manque de soutien ?

C'était le thème de la revue ALLAITER AUJOURD'HUI, éditer par la LLL en 2003, année ou j'ai écrit mon témoignage. J'avais envie de vous le faire partager. Je ne l'ai pas retouché, dans son jus, il a toute sa valeur.


Le manque de soutien est sans doute l’expérience la plus difficile à vivre pour la jeune mère et le couple en général. Après l’extase et l’attention dont on fait l’objet pendant la grossesse, vient la période de post-partum ou l’on a rempli sa mission et mit au monde un enfant, objet de toutes les attentions et remarques. La mère ayant tenu son rôle, elle est reléguée au fond de son lit de maternité, subissant les remarques plus ou moins appuyées du personnel « j’ai allaité trois semaine mes enfants et c’est largement suffisant ! lui dit une aide puéricultrice par ailleurs adorable « et de la famille, souvent déstabilisantes et culpabilisantes au possible et très anxiogène.

 

 

 

La voilà qui rentre chez elle à peine remise de cette naissance, totalement consciente de la responsabilité incroyable que lui donne cette vie minuscule et déjà très présente, angoissé à l’idée de ne pouvoir répondre à ses besoins, rongé par l’idée de mal faire, de ne pas savoir comprendre ce bébé, magnifique fantasme gestationnel, entré dans sa vie comme un ouragan … et pour perpette ….

 

 

 

Le père doit bientôt retourner dans la vie sociale pour y recueillir les témoignages amicaux des collègues et les félicitations de rigueur. Mais elle, elle est là avec les seins gonflés, le périnée douloureux, les doutes, la fatigue et les angoisses qu’elle ne sait pas vers qui exprimer.

 

 

 

Ce bébé est un inconnu exigeant et fragile, il lui faut l’adopter, le conquérir, le soulager, le bercer, le rassurer… et quant elle se tourne vers sa mère pour s’ouvrir de ce qu’elle ressent elle ne rencontre que doutes et critiques, regards appuyer sur sa façon de faire. Les réflexions du genre « pourquoi ne le passes-tu pas au biberon ? Je me souviens à ton époque c’était le lait Alma » et elle de répondre sèchement : j’ai du lait et je ne vois pas pourquoi je le passerai au biberon ….

 

 

 

Et puis un jour, le bébé âgé de 4 semaines ne cesse de pleurer, elle n’est toujours pas douchée, elle n’a pas mangé, il est 16 heures, elle pleure et le bébé pleure ! L’angoisse monte et ce leitmotiv « je n’ai plus assez de lait, mais je ne sèvrerai pas, je ne sèvrerai pas …. » ; elle cherche dans l’annuaire ce nom bizarre qu’elle a déjà lu dans son livre sur l’allaitement pendant sa grossesse :

La LLL

et ne le trouve pas. Alors elle téléphone au Lactarium de Dijon et là miracle, la dame de l’autre côté du téléphone l’a rappelle pour lui donner les coordonnées de l’animatrice : Dominique M. Elle ne perd pas une minute et l’enfant toujours accroché à son sein douloureux, elle appelle cette femme : une voix lumineuse, chaleureuse et accueillante l’entend dans sa douleur et son indescriptible angoisse : « un bébé de 4 semaines qui tête 10 ou 12 fois par jour est un bébé normal ! ! Certains vont même jusqu’à 15- 20 tétées par jour et cela sans que cela soit alarmant et hors norme » mais ce n’est pas culturel dans notre société de dormir avec bébé et de le nourrir de lait et de bras à la demande…

 

 

 

La première réunion à laquelle elle assiste a lieu le 11 févier 1997, son fils a 6 semaines. Elle parcourt Chenôve comme on va en pèlerinage et arrive enfin à l’adresse indiquée. Et là elle entre dans le sein du Gynécée qui manque tant dans notre société : il y a là des mères avec des nourrissons, des bébés, des bambins. A côté d’elle une femme allaite un enfant de trois ans à son plus grand étonnement, une autre, Edith annonce qu’elle a 4 enfants et 8 ans d’allaitement pratiquement non-stop et lui dit préférer allaiter allongée, position plus confortable pour elle, révélation gigantesque : elle n’y avait pas songé et s’étonnait de se réveiller à 3 heures du matin, inconfortablement assise dans son lit, son fils endormi sereinement.

 

 

 

Toutes ces femmes n’ont jamais su ce qu’elles avaient fait pour elle ce jour là : elle a rencontré son Fils. Il a dormi dans ses bras durant toute la réunion, a fait son rôt en dormant, lui qui avait des coliques inimaginables, et suprême cadeau lui a souri pour la première fois en se réveillant !

 

 

 

Le soir, le père n’a pas reconnu sa femme : elle est revenue métamorphosée, légère, confiante, aimante et sûr du bien qu’elle donné à leur enfant et à leur couple.

 

 

 

Sa mère quant à elle lui dit : « il était temps, je commençais à m’inquiéter, je me demandé si tu allais y arrivé

 

 

 

 

 

Cette jeune femme s’est moi, il y a 6 ans et demi, à la naissance de mon premier enfant : Pierre-Edouard. Depuis il y a eu Emma, 3 ans, née prématurément et Anaïs, 1 an. Cela fait 6 ans que j’allaite de tout mon saoul mes petits, et lorsque j’y repense j’ai tendance à dire que je n’ai jamais connu de galères mais lorsque j’écoute les interventions des mamans lors des réunions, des souvenirs me submergent : il y a eu des grèves de tétées, des réflexes d’éjections comme des torrents, des nuits mouvementées … mais par-dessus tout du Bonheur.

 

 

 

Dominique a été là dès que les doutes me prenaient et à la lumière de son expérience et des publications de

la LLL

j’ai cheminée sous le regard aimant et attentif du papa.

 

 

 

Sans l’association, sans l’appui, le soutien et l’amitié de Dominique puis d’Agnès et des mères, je pense que je serai passé à côté de mon fils, bébé aux besoins intenses nullement répertorié dans les manuels, les magasines ou chez les professionnels de santé.

 

 

 

Quand je vois quel enfant sublime dans sa personnalité il est, quand je le vois s’occuper des ses sœurs ou des autres petits autour de lui, être attentif aux pleurs d’un enfant et ne pas comprendre quand la maman du bébé le laisse pleurer, je me dis que c’est un magnifique atout pour l’avenir de notre monde. Il porte un regard attentif et chaleureux autour de lui et les premières à en bénéficier sont ses deux petites sœurs qu’il entoure chaleureusement.

 

 

 

Ma petite Emma est à l’âge des poupées mais elle les allaite et les porte dans son dos comme je l’ai fait avec elle et avec sa sœur. Quant à Anaïs, elle profite de ce que le « maternage naturel » des grands m’a apporté de sérénité et de force.

 

 

 

Nous avons besoins de paroles pour grandir lorsque nous sommes enfant, il en va de même lorsque nous devenons mère. Sans soutien, c’est la solitude, la dépression et la maltraitance n’est pas loin lorsque nous ne prenons pas soin des mères et des pères. La maltraitance commence lorsque l’on ne répond pas aux besoins d’un petit, lorsque nous nous laissons polluer par les paroles fielleuses de l’entourage, lorsque nous ne laissons pas notre instinct, si puissant, nous guider, parce qu’il faut du courage pour s’affirmer différente dans cette société de la pensée unique.

 

 

 

Pour moi, Pierre-Edouard a eu deux naissances et deux mamans : celle du 2 janvier 1997, et celle du 11 février suivant, date de mon entrée à

la LLL.

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Commentaires
C
Karine, je te dois tellement, tu es Ma lumière et tu rayonne tellement dans ton attitude et dans tes paroles que tu dois éclairer beaucoup de mamans qui ont été dans mon cas!<br /> <br /> c'est grâce à toi que j'allaite toujours, tu m'as aidé alors que je doutais, tu m'as mis plusieurs fois de bon coup de pied au c*l pour me montrer que je devais continuer de suivre mon instinct, que je faisais bien et que ça réussissait à zoé!<br /> <br /> ce sont tes paroles franches et douces, qui m'ont apprit à être la maman que je suis, qui ont révélé la VRAI lynda qui se cachait tout au fond et qui avait peur de tout!<br /> <br /> Karine, tu m'aide tous les jours sans le savoir!<br /> <br /> tu es pour moi et pour beaucoup d'autres une personne formidable, <br /> <br /> Tu compte énormément pour moi, et pour Zoé! Tu nous donne tellement!<br /> <br /> Merci Karine, et merci de tout mon cœur d'être la personne fabuleuse que tu es!<br /> <br /> Bon c'est un gros HS, mais j'avais besoin de te le dire!
M
Quel beau témoignage...<br /> J'en suis toute retournée... même si je n'ai pas rencontré ce genre de doute, j'imagine combien cela doit être difficile...<br /> Dans le groupe PRALL dont je fais partie, il y a une maman qui fait partie également de la LLL, elle est adorable !
B
J'ai pleuré tout plein !!!<br /> quel beau récit, c'est dur, tendre. <br /> et encore après la lecture de vos nombreux récits je m'y retrouve aussi ! surtout dans le '" il faut faire comme ci ou fait comme ca"...pfff
G
Mon 1er fils est né en juin 1997 et était aussi un bébé aux besoins intenses, je ne l'ai allaité qu'1 mois car comme le vôtre il pleurait bcp et il est passé au biberon, ce qui ne l'a pas empêché de continuer à pleurer. Je n'ai pas eu la chance comme vous de connaître la LLL à ce moment là. Si j'avais su...<br /> Bravo pour votre blog et vos propos si juste!
P
J'ai fait lire ton billet à mon cher et tendre et il m'a dit "oh punaise on dirait toi"
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